• Lettre à l'église de Smyrne

    Retour à l'introduction

     

    SMYRNE

     

    APOCALYPSE 2.8-11 (traduction S21)

     

    8 Ecris à l'ange de l'Eglise de Smyrne: ‘Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie: 

    9 Je connais tes œuvres, ta détresse et ta pauvreté – et pourtant tu es riche – ainsi que les calomnies de ceux qui se disent juifs et ne le sont pas mais qui sont une synagogue de Satan. 

    10 Ne redoute pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns d'entre vous en prison afin que vous soyez mis à l'épreuve, et vous aurez dix jours de détresse. Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. 

    11 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux Eglises: Le vainqueur n'aura pas à souffrir de la seconde mort.' 

     

    situation géographique des 7 églisesSmyrne (dont le nom turc aujourd'hui est Izmir) est une des plus anciennes cités d’Asie Mineure située à environ 60 km au nord d’Ephèse. 

    Smyrne vient du mot ‘Myrrhe’ qui signifie : ‘parfum et embaumement’.

    La ville fut fondée, sur un site qui semble avoir été occupé dès le troisième millénaire avant Jésus-Christ, par des Grecs, venus de l’île de Lesbos (actuelle Mytilène). Smyrne est une ville marquée par la prospérité : elle était un grand port de commerce et rivalisait d’influence avec la ville de Pergame et celle d’Ephèse. La ville était connue pour sa beauté et selon l'inscription sur certaines pièces de monnaie elle était ‘la plus belle et la plus grande d’Asie'. Parfois, on l'appelait aussi :  ‘la ville couronne’ à cause des bâtiments publics majestueux qui se dressaient sur les collines qui entouraient la ville comme une couronne.

    « Sur le versant du mont Pagus (une des nombreuses collines entourant la cité) se dressait un amphithéâtre pouvant contenir 20 000 spectateurs. En l’an 23, un temple fut érigé en l’honneur de Tibère et de sa mère Julia, et la rue Dorée, reliant les temples de Zeus et de Cybèle passe pour avoir été la plus belle avenue de toutes les villes de l’antiquité. » (source : International Standard Bible Encyclopedia, 1939, “Smyrna”).

    Beaucoup d’autres temples se dressaient dans la ville, dont celui de Dionysos, dieu grec de la vigne et du vin … le culte rendu à cette idole était fait de débauches, notamment pendant la fête annuelle qui lui était consacrée au printemps : symbole du renouveau de la vie. Les prêtres païens célébraient une cérémonie grotesque de la mort, de l'ensevelissement, et de la résurrection pendant la fête de Dionysos. Les prêtres qui officiaient, lors de ces cérémonies, recevaient également des couronnes.

     

    Smyrne était fière d'être romaine. Déjà en 195 avant Jésus-Christ, on y avait construit un temple consacré à la déesse Roma. Cent ans plus tard, quand l'armée romaine manqua de vêtements chauds pendant une campagne d’hiver, les citoyens de Smyrne s’étaient séparés de beaucoup de leurs habits et les avaient envoyés à l’armée romaine. Dans tout l’Empire romain, Smyrne avait donc la réputation d’une loyauté sans faille à l’empereur romain : loyauté qui lui valut le surnom de ‘Smyrne la fidèle’.

    En l’an 26 de notre ère, le sénat romain choisit Smyrne, plutôt qu'Ephèse ou Pergame, pour y dresser le nouveau temple dédié au culte de l'empereur Tibère. A Smyrne se trouvaient également, une école de science et une autre de médecine toutes deux célèbres, ce qui est une autre indication de la prospérité et de l’influence de la ville sur toute cette région de l’empire.

     

    Au 1er siècle de notre ère, vivait dans la ville une colonie juive, assez peu nombreuse, mais qui s’opposait farouchement aux chrétiens. C’est à Smyrne que Polycarpe (âgé de 86 ans), un disciple de l’apôtre Jean et évêque de Smyrne, fut exécuté en 155.

    Le martyre de Polycarpe

    Le récit du martyre de Polycarpe de Smyrne est un des plus célèbres qui nous soit parvenu par son disciple Irénée de Lyon, lui-même originaire de Smyrne : « Ainsi puis-je dire à quel endroit le bienheureux Polycarpe s'asseyait pour parler […] comment il parlait de ses relations avec Jean et les autres qui ont vu le Seigneur, comment il rappelait leurs paroles et quelles choses il leur avait entendu dire au sujet du Seigneur, de ses miracles et de son enseignement » (Irénée de Lyon, Lettre à Florinus, in Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, V, 20, SC 41, 8).

    On sait aussi que Polycarpe fut un fidèle ami de Ignace d'Antioche. D'ailleurs, celui-ci lui avait adressé une lettre particulière : « Accueillant avec joie les sentiments que tu as pour Dieu, fondés comme sur un roc inébranlable, je glorifie à l'extrême le Seigneur de m'avoir jugé digne de contempler ton visage irréprochable : puissé-je en jouir en Dieu » (Ignace d'Antioche, Lettre à Polycarpe, I, 1, d 'après la traduction du P. Camelot in Les Écrits des Pères apostoliques, Paris, Cerf, 1963, 197-198). 

    C'est donc à l'hiver 155 que Polycarpe subit le martyre. D'après le récit fait par les ‘Pères Apostoliques’ (dans l’histoire de l’Eglise primitive, à partir du 2ème siècle, les Pères Apostoliques sont ceux qui ont succédé aux héritiers des disciples du Christ : par leurs écrits, ils ont contribué à l’édification de l’Eglise), on raconte qu'on disposa autour de Ploycarpe l'appareil pour le fixer au bûcher. Au moment où les bourreaux allaient l'y clouer, il demanda à ce qu'on le laisse libre, car Dieu, dit-il, lui avait donné la force d'affronter le feu. Lié au poteau, les mains derrière le dos, il regarda le ciel et fit une prière. Au cours de celle-ci, il dit : « Puissé-je être admis aujourd'hui en ta présence comme un sacrifice gras et agréable, comme tu l'avais préparé et manifesté d'avance, comme tu l'as réalisé Dieu sans mensonge et véritable » (Le martyre de Polycarpe, XIV, 2, d'après la traduction du P. Camelot, Les Écrits des Pères apostoliques, Paris, Cerf, 1963, 231). 

    Quand Polycarpe eut fini sa prière, les flammes s'élevèrent et enveloppèrent le saint évêque sans le toucher et il mourut, dit-on : « Comme un pain doré cuit au four alors que de doux parfums s'élevaient du bûcher. »

     

    • Quantité de site touristiques et archéogique présentent Smyrne et ses monuments archéologiques. Ces photos étant soumises à des droits d’auteurs, je vous invite simplement à les visiter, cette visite historique est souvent passionnante. 

    Ci-dessous voici quelques liens pour visiter quelques sites

    https://fr.dreamstime.com/image-stock-agora-smyrna-image34924791

    https://fr.123rf.com/photo_83781450_ruines-et-lieu-historique-dans-l-agora-de-la-ville-antique-de-smyrne-%C3%A0-izmir-en-turquie-.html

    https://fr.freeimages.com/premium/smyrna-is-an-ancient-city-izmir-in-turkey-1849564 

     

    Jésus est l'auteur de cette deuxième lettre : pour plus d'informations, je vous renvoie à l’introduction de ces études.

    Soleil - photo A&L.Roca 

    v1 - « Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie …"

    Ici, Jésus confirme qu’il est bien celui que Jean a vu dans sa vision du chapitre 1. 

    Apocalypse 1.1 - « Je suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant. »

    En disant qu’il est « le premier et le dernier », Jésus affirme clairement sa divinité : il est l’auteur de la création et c’est lui qui en est l’aboutissement, celui qui aura le dernier mot. La référence qu’il utilise vient d’une proclamation faite par Dieu par le prophète Esaïe.

    Esaïe 44.6 - « Voici ce que dit l'Eternel, le roi d'Israël et celui qui le rachète, l'Eternel, le maître de l'univers: Je suis le premier et le dernier. En dehors de moi, il n'y a pas de Dieu. »

    Dans ce texte du prophète Esaïe (Esaïe 44.1-9), Dieu affirme avec force qu’il est le fondateur de son peuple, qu’il répand son Esprit sur lui, qu’il prend soin de ses témoins, qu’il est le seul Dieu, le seul rocher et que les idoles muettes ne sont que des créations humaines totalement impuissantes et donc …inutiles. Autant d’éléments d’un message qui s’applique intégralement à l’Eglise de Smyrne, à celle d’hier, comme à celle d’aujourd’hui. Jésus est bien le centre du livre de l'Apocalypse … c'est aussi lui qui bâtit son Eglise (Matthieu 16.18). Jésus seul est digne de confiance : c’est pour lui et par lui que l’Eglise vit.

     

    Remarque - Cette façon de se présenter, lorsqu’on la met en face d’un texte tel que le Psaume 90 pose la question du temps présent pour l'Eglise de Smyrne et pour toutes les autres églises.

    Psaume 90.1-4 - « Seigneur … Avant que les montagnes soient nées, avant que tu aies créé la terre et le monde, d'éternité en éternité, tu es Dieu. Tu fais retourner les hommes à la poussière et tu leur dis: «Fils d'Adam, retournez à la terre!», car 1000 ans sont à tes yeux comme la journée d'hier: elle passe comme le quart de la nuit … »

    Qu'est-ce que la durée d'une vie, d'une génération face à l'éternité ?

    Que sont 10 jours de souffrances face à l'éternité de la vie éternelle ?

     

    v8 - « Voici ce que dit le premier et le dernier » 

    C'est le premier encouragement que Dieu adresse à son Eglise. 

    Du fond de sa souffrance, Job dit :

    Job 19.25-27 - « Je sais que celui qui me rachète est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau aura été détruite, en personne je contemplerai Dieu. C'est lui que je contemplerai, et il me sera favorable. Mes yeux le verront, et non ceux d'un autre. Au plus profond de moi, je n'en peux plus d’attendre. » 

    v8 - « Celui qui était mort et qui est revenu à la vie. »

    Jésus est bien le Fils unique de Dieu qui s’est sacrifié pour que quiconque croit en lui vive éternellement (Jean3.16). Jésus a vaincu la mort ! Pour mémoire, je vous rappelle que lors des cérémonies festives faites-en l’honneur Dionysos (voir plus haut) était célébrée (singée) la mort, l'ensevelissement et la résurrection, une fête pendant laquelle les prêtres de l’idole portaient des couronnes. 

    Dans ce milieu incrédule et idolâtre, Jésus rappelle à son Eglise que les idoles et ceux qui les servent ne sont rien que du vent, face à la puissance de la grâce manifestée en Jésus-Christ qui est la résurrection et la vie. Jésus voulait que les chrétiens de Smyrne sachent que, même s'ils étaient tués à cause de leur foi, il est celui qui a autorité sur la mort et sur le séjour des morts (1.18) … Tout ce que l'homme peut faire contre son Eglise, Jésus peut le défaire.

    Par l’ensemble des paroles de ce verset 8, Jésus rappelle aux chrétiens de Smyrne que lui sera toujours là, même quand les romains, ou quiconque persécute son Eglise, n'y seront plus. C’est le Christ victorieux qui construit son Eglise et qui la soutient même dans les moments les plus difficiles de sa vie … c'est Jésus, et non Rome ou quels que soit les puissants de ce monde, qui règne et qui construit son Eglise … c'est Jésus qui aura le dernier mot, c’est lui qui veille sur son Eglise, sur toutes les églises de tous les temps. Il y a bien dans ces paroles la proclamation de la puissance du Christ et l’appel à la foi lancé en direction de ses disciples, de son Eglise.

    Répondant à cet appel, l’apôtre Paul écrit :

    2 Timothée 1.12 - « Voilà pourquoi j'endure ces souffrances, mais je n'en ai pas honte, car je sais en qui j'ai cru et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder le dépôt qu'il m'a confié jusqu'à ce jour-là. »

    Nous savons en qui nous croyons !

     

    Situation de l’église de Smyrne

    On ne connaît quasiment rien de l’histoire de cette église. Au court de ses voyages, Paul semble n’être pas passé dans la ville, mais il est venu à Ephèse, et il se peut que l’église de Smyrne ait été fondée suite au témoignage de Paul dans la ville voisine, ou au passage dans la ville, de chrétiens venus d'autres régions.

    v9 -  « Je connais tes œuvres, ta détresse et ta pauvreté – et pourtant tu es riche – ainsi que les calomnies de ceux qui se disent juifs et ne le sont pas mais qui sont une synagogue de Satan. »

    Nous sommes entrés dans une église dans la difficulté, en grande souffrance, à cause de la pression extérieure et des persécutions qu’elle subit.

    La ville est un carrefour de cultures et des religions, et il s’y trouve également une colonie de Juifs . Il y a donc une double pression sur l'église : la pression qui vient du monde païen et celle qui vient du monde juif qui refuse de reconnaître en Jésus-Christ le Messie attendu et  qui considère les églises comme des sectes qu’il faut détruire. N’oublions pas qu’avant d’être un apôtre du Christ ressuscité Paul était Saul, ce jeune pharisien fanatique qui avait pour mission de persécuter l’Eglise et de faire mourir les chrétiens (Actes 7 à 8.3 plus Actes 9).

     

    Les Fonts (Briançon) - photo C.RocaSmyrne est une église en détresse - Le mot grec utilisé ici parle de ‘pression, d’oppression, de persécution et de souffrance’. L’église souffre face à la puissance de ce monde hostile qui l'entoure et la persécute.

    Smyrne est une église dans la pauvreté  - Littéralement dans la ‘mendicité’, sans doute à cause des brimades dont les chrétiens sont l’objet. Même si certains d’entre eux étaient déjà pauvres avant leur conversion d’autres, beaucoup plus riches ont dû tout perdre en devenant chrétiens.

     

    Le chemin de la foi n’est pas tapissé de velours, parfois s’y trouvent beaucoup de cailloux, de ronces et d’obstacles. Pour persévérer dans cette marche, il faut de l’endurance, de la persévérance, du courage … de la fermeté dans la foi. Nous pourrions avoir tendance à l’oublier. ‘L’Evangile de la prospérité’ n’est pas l’Evangile, pas plus que celui de la pauvreté et de la souffrance d’ailleurs. Aujourd’hui, la situation de l’Eglise persécutée est là pour rappeler à chaque chrétien que c’est sur le Seigneur et le Sauveur que repose notre foi et non sur les richesses et tous les bienfaits de ce monde, pas plus que sur l’homme, aussi puissant et populaire soit-il.

    Les églises doivent entendre cet encouragement qui vient de la Parole de Dieu.

    2 Corinthiens 8.9 - « Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ: pour vous il s'est fait pauvre alors qu'il était riche, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis. »

    Déjà à la fin du premier siècle, il n'était pas simple d'être chrétien. Dès les premiers temps de la naissance de l'église, nous voyons se lever le spectre de la persécution : les responsables religieux d’Israël ont voulu faire taire les apôtres et étouffer l’Eglise naissante. Je viens de parler de Saul de Tarse et de la mission dont il était investi par ces chefs.

    La persécution passe par

    - La mise à l'écart sociale : on empêche arbitrairement celui qu'on veut étouffer, de travailler, de faire du commerce et d'exercer ses droits d'homme et de citoyen. L'interdiction d'acheter ou de louer un local pour un logement ou un lieu de culte, la confiscation de biens privés.

    - La surveillance : surveillance des lieux de cultes, mais aussi de ses relations et de sa vie familiale.

    - La calomnie : sans aucun doute le plus facile, un bruit est si vite lancé, il n'est même pas besoin de donner des preuves de ce qui est jeté en pâture à la masse silencieuse. Il n'est rien de mieux qui fasse réagir cette masse silencieuse si facile à manipuler … et ce qu’on appelle les ‘réseaux socios’ regorgent de ces aliments nauséabonds qui pourrissent l’esprit de nos contemporains.

    - La privation de liberté : liberté de penser, de dire et d’agir : privation qui également va du simple fait d'être empêché de quitter un lieu, jusqu'à la mise en prison et la déportation. Chaque époque a connu ses exactions et la nôtre n’a rien à envier aux autres.

    - Le jugement : le procès injuste et totalitaire qu'on a fait à Jésus servira de modèle à tous les procès qui se font depuis des siècles partout dans le monde (et il n'y a pas que les chrétiens ou les juifs qui les subissent).

    - La mort : c'est l'ultime étape pour tenter de faire taire les gêneurs.

     

    Ce n’est qu’une partie de la panoplie à disposition de tout persécuteur, quel qu'il soit … Voilà ce à quoi est confrontée l'église de Smyrne.

    v9-10 - « Je connais tes œuvres, ta détresse et ta pauvreté … ainsi que les calomnies de ceux qui se disent juifs et ne le sont pas mais qui sont une synagogue de Satan … Voici, le diable va jeter quelques-uns d'entre vous en prison afin que vous soyez mis à l'épreuve, et vous aurez dix jours de détresse. Sois fidèle jusqu'à la mort … » 

    Ces paroles expliquent parfaitement la situation de l’église de Smyrne : sa pauvreté et sa faiblesse. Son principal persécuteur est lui aussi clairement identifié :

    v9 - « ceux qui se disent juifs et ne le sont pas mais qui sont une synagogue de Satan. »

    Alors qu'à Ephèse, ce sont les prêtres de la déesse Artémis et ceux qui faisaient du commerce avec ce culte idolâtre qui ont persécuté les chrétiens, ici ce sont principalement les juifs qui ont lancé contre les chrétiens les mêmes arguments, les mêmes calomnies qui ont été utilisées contre Jésus-Christ. Après avoir jugé Jésus, les membres de ce tribunal stalinien (le Sanhédrin) l’ont amené à Pilate, le gouverneur romain :

    Luc 23.2 - « Ils se mirent à l'accuser, disant: «Nous avons trouvé cet homme qui sème le désordre dans notre nation; il empêche de payer les impôts à l'empereur et se présente lui-même comme le Messie, le roi. »

    Ce n’était là que de faux témoignages ! A Thessalonique, alors que l’apôtre Paul venait d’annoncer l’Evangile dans la synagogue de la ville, plusieurs responsables ont alors voulu le ‘trainer’ devant le juge et, ne le trouvant pas, ils s’en sont alors pris à ses amis disant :

    Actes 17.6-9 - « Ces gens qui ont bouleversé le monde sont aussi venus ici, et Jason les a accueillis. Ils agissent tous contre les édits de l'empereur en prétendant qu'il y a un autre roi, Jésus.» Par ces paroles ils troublèrent la foule et les magistrats, qui ne relâchèrent Jason et les autres qu'après avoir obtenu d'eux une caution. »

     

    Jésus avait déjà été confronté à la dureté des Pharisiens qui se vantaient d’être les héritiers d’Abraham, le ‘Père de la foi’, et d’avoir Dieu pour père voici sa réponse :

    Jean 8.42-44 - « Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et c'est de sa part que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est au contraire lui qui m'a envoyé. Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez pas écouter ma parole. Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s'est pas tenu dans la vérité parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. »

    L’ennemi de l’église de Smyrne est aussi clairement identifié, c’est le même qui s’en était pris au Christ pour tenter de le détourner de sa mission (Matthieu 4, Luc 23.35-30).

    v10 - « ceux qui se disent juifs et ne le sont pas mais qui sont une synagogue deGrille - photo C.Roca Satan … Voici, le diable va jeter quelques-uns d'entre vous en prison. »

    Remarque : ce ne sont pas les juifs en tant que tels qui sont mis en accusation, mais ceux qui agissent en ennemis de Dieu et qui rejettent la foi d'Abraham … Pour avoir oublié la cruauté des persécutions, les chrétiens à leur tour se sont parfois mis à persécuter les Juifs, lorsqu'ils ont été en position de force et de pouvoir.

     

    Le véritable adversaire de l’Eglise de Jésus-Christ est bien Satan (le diable).

    Il est le prince du mensonge et de la calomnie, le persécuteur de ceux qui désirent marcher dans la vérité, l'ennemi de Dieu et de nos âmes. Cet ennemi est capable d’agir à l’extérieur des églises par des pressions de toutes sortes, mais aussi à l’intérieur par les disputes et les divisions. Si autour de l'église de Smyrne, il y a des Juifs qui n'en sont pas, mais qui marchent en ennemis de Dieu et servent le Diable, il y a autour de l'Eglise aujourd'hui, quantité de personnes qui se disent chrétiennes, mais qui n'en sont pas et qui par leur vie montrent que le Christ n’est pas le souverain de leur vie.

    2 Pierre 2.19 - « puisque chacun est esclave de ce qui l'a dominé. »

    Si en France et en Europe nous ne sommes pas, ou plus, ou pas encore persécutés, il n'en demeure pas moins que notre ennemi reste le même et que le combat est rude, à moins que ce ne soient les faiblesses des églises qui rendent ce combat encore plus difficile. 

    Il est aussi indispensable de prier pour l’église persécutée. Mais c’est aussi par notre fidélité et par la fermeté de notre foi que nous pouvons être un support pour cette Eglise souffrante.

     

    v10 - « … vous aurez dix jours de détresse. »

    Une chose est étonnante : Jésus parle d’une ‘détresse’ (autres traductions possibles  : ‘pression’, ‘oppression’, ‘persécution’) de dix jours. Ce chiffre est-il l'indication de l'exacte durée de la persécution des chrétiens de Smyrne, ou est-il à prendre comme un chiffre symbolique pour exprimer que la persécution aura une durée assez limitée dans le temps ?

    Beaucoup de chiffres sont symboliques dans l’Apocalypse. Le débat reste ouvert et je n’y entrerai pas. Toutefois ce qu'il faut retenir de ces ‘dix jours’, c'est que Dieu a fixé les limites d'actions de l'ennemi dans le temps : la persécution a certes un début, mais elle a aussi une fin.

     

    Durant des décennies (du 16ème et 18ème siècles), les huguenots de France ont subi des persécutions violentes, les Cévennes et le sud de la France en portent encore des traces gravées dans la pierre, comme dans leur coeur. Certes, ‘dix jours de détresse’ (ou quelle que soit la durée) c'est long, mais face à l’éternité promise, c'est court : c'est aussi ça que le Seigneur a voulu communiquer aux églises d’hier et d’aujourd’hui afin que nous persévérions dans le juste combat de la foi.

    'RESISTER' (Aigues Mortes) - photo D.RocaCette souffrance peut aller jusqu'à la mort. Des jours ou des années de souffrance c'est long, mais la résistance et la victoire sur l'ennemi peuvent marquer des générations.

    Au 18ème siècle. Marie Durand a résisté 38 ans dans la Tour de Constance, enfermée à cause de sa foi, elle a gravé ce mot ‘résister’ dans la pierre. Les générations d'aujourd'hui, les visiteurs du monde entier, peuvent lire ce témoignage gravé dans la pierre de sa prison. Son frère, Pierre Durand, pasteur de l’Eglise persécutée, a été exécuté à Montpellier le 22 avril 1732.

     

    Personne n'aime souffrir, personne n'aime l’adversité. Tous, nous reculons face aux épreuves de l'existence … Le fait d'être chrétien ne change pas grand-chose. Jésus lui-même à Gethsémané a eu un mouvement de recul face à la souffrance et à la mort (Luc 22.41-42). Dans la vie des églises, comme dans celle du chrétien l'épreuve est inévitable. Les disciples de Jésus-Christ sont des hommes et des femmes qui participent pleinement à la vie de l’humanité et qui en subissent aussi les épreuves, y compris les plus atroces : combien de chrétiens sont morts dans les catastrophes qui ont frappé le monde ces dernières décennies ? Combien souffrent de la faim ? 

    L’exemple tiré de la vie de Job dit à chacun qu’au travers de l’épreuve, Dieu charge son Eglise de la responsabilité de faire briller sa gloire et de baliser le chemin de la grâce et du salut pour tous les hommes :

    Jacques 1.2-4 - « Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que la mise à l'épreuve de votre foi produit la persévérance. Mais il faut que la persévérance accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés, sans défaut, et qu'il ne vous manque rien. »

    Ainsi, si la souffrance n’est pas utile pour offrir le salut, puisqu’à certains moments de l’existence du chrétien et de l’Eglise de Jésus-Christ elle est inévitable, elle devient alors un ‘outil’ pour manifester la gloire de Dieu, son soutien et sa présence permanente dans le cœur de son peuple.

     

    L'église de Smyrne n'était pas dans une situation facile, elle avait affaire à un ennemi puissant. Mais si nous ne sommes plus persécutés, notre situation est-elle meilleure pour autant ? L'ennemi est toujours là, qui rôde pour nous faire trébucher et tomber loin de Dieu.

    L'église de Smyrne est une église faible, et pauvre, mais de ce qu’on pourrait affirmer que ce sont des handicaps, elle en tire ses qualités essentielles.

    v9-10 - « Je connais tes œuvres, ta détresse et ta pauvreté – et pourtant tu es riche – … Ne redoute pas ce que tu vas souffrir … Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. » 

    Cette persécution de l’église a permis de mettre en valeur ses qualités spirituelles. Il a fallu l'épreuve pour que l'église prenne conscience de sa richesse, de sa puissance spirituelle et pour que l'église sache ce que Dieu pensait d’elle. Ce sont là les bénédictions que Jésus-Christ a voulu transmettre à ces frères et soeurs dans la foi.

    Si personne ne peut se réjouir des rudes épreuves qui parfois jalonnent la vie d'une église, celles-ci contribuent à mettre en valeur ses qualités, à condition que ses yeux restent fixés sur la personne du Christ ressuscité. A cela il faut aussi ajouter le fait que l'épreuve peut aussi être un signe de richesse et de fidélité, l'ennemi ne s'attaque qu'à ce qui est fort : cette église de Smyrne, mais aussi Job ou Jésus-Christ en sont des exemples … le diable ne perd pas trop de temps à s’attaquer à ce qui est faible ou divisé parce que ça tombera tout seul.

     

    Porte de Sumène (Gard) - photo D.Rocav10 - « Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. » 

    Smyrne est une église faible, mais forte de sa foi et de sa fidélité dans le vécu de cette foi en Jésus-Christ. 

    Dans la réalité de la vie de son Eglise dans le monde, le Seigneur Jésus-Christ n’a pas besoin d’une église qui se proclame forte, mais d’une église fidèle, quels que soient son nom (dénomination) sa réputation, le nombre de ses membres, la richesse et la grandeur de ses locaux ou la solidité de son budget … Si les hommes, de leur côté, établissent une hiérarchie, aux yeux du Seigneur, l’église la plus petite a autant d’importance que la plus belle et la plus grande : le Seigneur parlera toujours au cœur de son Eglise quelle qu’elle soit et où qu’elle soit.

    Par l'ensemble des paroles de cette lettre, nous comprenons que Dieu a fait de cette église de Smyrne un de ses champions de la foi, un de ses héros de la foi.

     

    La récompense promise

    v10b-11 - « Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux Eglises: Le vainqueur n'aura pas à souffrir de la seconde mort. » 

    Pour une telle lutte, la récompense promise est à la hauteur du combat mené et de la victoire remportée. Mais y a-t-il quelque chose de particulier dans cette récompense promise à chaque disciple de Jésus-Christ ?

    Le Seigneur rappelle ici que la récompense promise est ‘simplement’ (si on peut dire) le salut et la vie éternelle. C’est le lot de chaque chrétien fidèle … qu’y a-t-il de plus à attendre ?

    Colossiens 2.10 - « Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité. »

    Psaume 23.1&6 - « L'Eternel est mon berger: je ne manquerai de rien. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie et je reviendrai dans la maison de l’Eternel jusqu'à la fin de mes jours. »

    « Je ne manquerai de rien. » Une traduction anglaise de cette parole dit ceci : « Je ne désirerai rien. » Si, comme le dit l’apôtre Paul : « Christ est notre vie » (Philippiens 1.21), alors que nous faut-il espérer de plus dans ce monde ?

    v10b - « la couronne de vie. »

    La ville de Smyrne était appelée ‘la ville couronne’ (voir au début de cette étude). Pour répondre à ce titre, cette faible et pauvre église de Smyrne recevra, la couronne de vie, de la part de son Seigneur. Une couronne, c’est une marque de rang royal, à l’époque, ce pouvait aussi être la tresse ou guirlande qui était donnée comme prix de la victoire dans les jeux publics. La bénédiction éternelle qui sera donnée en prix aux véritables serviteurs de Dieu et de son fils Jésus-Christ est la récompense de la justice, c’est la marque de la victoire.

    v11 - « la seconde mort. »Mannequin - photo C.Roca

    C'est la séparation définitive et éternelle d'avec Dieu … c'est pire que la mort. C’est la séparation totale d’avec le Dieu Créateur et Auteur de la vie : une éternité dans le néant de l’absence

    Apocalypse 20.14-15 - « la mort et le séjour des morts furent jetés dans l'étang de feu. L'étang de feu, c'est la seconde mort. Tous ceux qui ne furent pas trouvés inscrits dans le livre de vie furent jetés dans l'étang de feu. »

    Daniel 12.2 - « Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l'horreur éternelle. »

     

    Questions

    Qu’elles sont les richesses qui comptent le plus pour l’Eglise de Jésus-Christ ? Que sont ces vraies richesses ? Dans des sociétés occidentales où la richesse et la puissance sont les soucis principaux et la cause de bien des stress et détresses, les églises doivent se poser les bonnes questions.

    Les richesses de l’église de Smyrne étaient toutes dans sa foi en Jésus-Christ, une foi qui allait jusqu’à la mort. Sommes-nous faibles … mais forts, parce qu’entièrement libres en Jésus-Christ ? La puissance de l’Esprit Saint ne s’exprime-t-elle pas au travers même de nos faiblesses ?

     

    Aucun reproche fait à l’église de Smyrne

    Il arrive parfois que les membres d’une église se lamentent sur la pauvreté et la faiblesse de leur communauté : ils en tirent régulièrement un prétexte pour rester plongés dans l’immobilisme et les lamentations. Mais Jésus ne fait aucun reproche à l’église de Smyrne. Pour lui, la pauvreté et la faiblesse ne sont pas des défauts : c’est nous qui en faisons des défauts.

    J’insiste, la qualité première du chrétien et d’une église, c’est la foi, sa fidélité au Seigneur face aux pressions de ce monde.

    En mettant en avant les qualités de cette église, Jésus veut encourager toutes les églises à les cultiver : le Seigneur s'occupera de nos faiblesses et saura agir au travers d'elles et malgré elles, pour peu que nous soyons disposés à le laisser libre d’agir en nous (2 Corinthiens 12.9). La grâce est pleinement suffisante.

    Après avoir dit à ses disciples que le monde les ferait souffrir, mais qu’il ne les abandonnerait jamais, Jésus termine son enseignement par ces paroles qui doivent se graver dans notre cœur  :

    Jean 16.33 - « Je vous ai dit cela afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage: moi, j'ai vaincu le monde. »

    Cette victoire Jésus-Christ nous l’offre pour qu’elle soit aussi notre.

     

    Retour à l'introduction

    à suivre ...

     

     

    « LETTRES AUX SEPT EGLISES DE L'APOCALYPSEUNE VIE QUI PARLE - 1 - »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :