• Contenu de cette étude biblique

    - Introduction

    - La femme dans l'Ancien Testament

    - Jésus et les femmes

    - Paul et les femmes ... un double langage

    - Paul et les ministères féminins

    - Ma conclusion

    - Annexe : le ministère féminin dans l'Eglise (Catherine Roca)

    INTRODUCTION

    Le philosophe - photo C.RocaComme la question des ministères féminins dans l’Eglise n’est toujours pas tranchée, qu’elle continue de faire couler beaucoup de salive dans bien des groupes d’églises … donnant parfois lieu à des débats très violents (on m’a un jour traité de ‘diviseur’ et d’être quasiment un ‘hérétique’, parce que j’exprimai ma conviction de la nécessaire ouverture de tous les ministères aux femmes). Je m’autorise pourtant à vous faire part de mon parcours dans la Bible, parcours qui m’a permis d'établir mes convictions.

    J’aurais pu me contenter de dire que dans la Bible, il n’y a pas de ministère masculin ou féminin, il n’y a que le ministère que nous accomplissons pour le Christ, que nous soyons un homme ou une femme.

    J’aurais pu aussi me contenter de dire, comme le faisait un ami agrégé de Grec et de Latin qui fut aussi professeur à la Faculté de théologie évangélique de Vaux sur Seine ainsi qu’un des traducteurs de la Bible du Semeur : « Que le ou la meilleure parle et que les autres se taisent ! »

    Ma première réflexion vient d’un texte de l’Ancien Testament auquel le Nouveau Testament fait écho. A mes yeux, ces paroles sont fondatrices de toute réflexion autour de la place de la femme dans l’Eglise de Jésus-Christ.

    Exode 19.6 - « Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte.' Voilà les paroles que tu diras aux israélites. »

    1 Pierre 2.5 & 9 - « vous-mêmes, en tant que pierres vivantes, laissez-vous édifier pour former une maison spirituelle, un groupe de prêtres saints, afin d'offrir des sacrifices spirituels que Dieu peut accepter par Jésus-Christ … Vous, au contraire, vous êtes un peuple choisi, des prêtres royaux, une nation sainte, un peuple racheté afin de proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. »

    Apocalypse 1.6 - « Jésus a fait de nous un royaume, des prêtres pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la domination aux siècles des siècles! Amen! »

    Dans l’Israël de l’Ancien Testament, le prêtre (le sacrificateur) avait un rôle essentiel : il a d’abord été formé pour être au service de Dieu, au service du Temple, au service du peuple au sein duquel il avait un rôle de guide, il offrait les sacrifices, il enseignait le peuple, il était un exemple. Ce sont les  seuls ‘membres hommes’ de la tribu de Lévi qui vivait ainsi leur servir pour Dieu. Mais cette parole d’Exode 19.6, laissait déjà entrevoir une  grande ouverture de la part de Dieu, qui étend la prêtrise à tout le peuple.

    Les paroles du Nouveau Testament confirment et instaurent cette ouverture de la prêtrise à tous les membres de l’Eglise de Jésus-Christ. Sans distinction, hommes et femmes sont ces ‘pierres vivantes’ qui forment l’Eglise de Jésus-Christ. Tous sont prêtres, tous sont ‘choisis pour être une nation sainte’ qui loue le Seigneur.

    Je ne vois dans ces paroles du Nouveau Testament (et déjà dans celle de l’Ancien Testament), rien qui impose une distinction entre l’homme et la femme qui tous deux sont ces prêtres au service du Seigneur pour offrir ensemble ces ‘sacrifices perpétuels’. La responsabilité du cultuel, le rôle de guide n’est pas dévolu aux seuls hommes, mais à tous les membres du peuple de Dieu. Chaque prêtre, homme ou femme, est chargé de ce ministère de guide, d’enseignant et d’exemple (pour ne citer que ça) en fonction, bien entendu des dons que Dieu lui a donnés et de l’enseignement qu’il a reçu … il me semble que nous pourrions appeler ça la ‘collégialité pour l’édification de l’Eglise de Jésus-Christ’.

    J’avoue que c’est mon apriori de départ pour l’ensemble de cette réflexion. 

    Ces notes sont évidemment partielles et je concède volontiers que certains textes et arguments mériteraient un développement plus important. J’admets également qu’on puisse ne pas être d’accord avec moi. Je n’en voudrais donc à personne qui serait d’un avis opposé au mien. Dans un contexte aujourd’hui encore bruyant sur ce sujet, en éditant ces notes, je souhaitais simplement partager quelques bases de ma réflexion … et peut-être apporter une pierre à un édifice déjà conséquent.

    LA FEMME DANS L'ANCIEN TESTAMENT

    Genèse 2.18 - « L'Eternel Dieu dit: ‘Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis.’ »

    La volonté de Dieu, dans l'ordre créateur, est que la femme soit un ‘vis à vis’, une aide pour l'homme. Il n'est pas là question d'une inégalité ou d’une domination de l’un sur l’autre, mais d'une différence, d'une complémentarité.

    Genèse 2.23-25 - « L'homme dit: ‘Voici cette fois celle qui est faite des mêmes os et de la même chair que moi. On l'appellera femme parce qu'elle a été tirée de l’homme.’ C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils ne feront qu’un. L'homme et sa femme étaient tous les deux nus, et ils n'en avaient pas honte. »

    Apparaissent dans ces versets les notions d'union, de couple, de famille. Là non plus, il n'y a aucune idée de primauté ou d’inégalité … au contraire. 

    Autres traductions possibles de la fin du v24 : « une seule chair » - « un seul corps » ou encore : « un seul tout ».

    Genèse 3.16 - « Il dit à la femme: ‘J'augmenterai la souffrance de tes grossesses. C'estphoto C.Roca dans la douleur que tu mettras des enfants au monde. Tes désirs se porteront vers ton mari, mais lui, il dominera sur toi.’ »

    Ce n'est qu'après la chute que l'homme domine sur la femme. Le péché a créé un déséquilibre dans les relations HOMME-FEMME. Et là encore, Dieu ne parle pas d’une supériorité de l'un par rapport à l'autre, mais de ‘domination’.

    Autres traductions possibles pour ‘domination : « présider - gouverner - pouvoir - régner - autorité - puissance ».

    De ce jugement de Dieu, j’en tire la conclusion que la domination ou l’autorité de l’homme sur la femme n’était pas dans la volonté de Dieu à l’heure de la création, mais qu’elle est directement liée aux conséquences de la désobéissance au commandement unique de Dieu et aux malédictions que le péché a provoquées et qui sont énumérées dans ce chapitre 3 de la Genèse.

    Exode 20.17 - « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son esclave, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni quoi que ce soit qui lui appartienne. »

    L'image de la femme qui domine dans l'Ancien Testament et dans le contexte d'Israël à l'époque est celle de ‘la femme servante’, le dernier des 10 commandements, rangeant même la femme au rang des possessions du mari. Il faut aussi souligner qu'une femme ne pouvait pas témoigner en justice ou hériter de son mari (voir le livre de Ruth) et que la loi exigeait d'elle une fidélité sans faille sous peine de mort, alors qu'un homme pouvait très bien prendre plusieurs femmes.

    Proverbes 31.10-31 - Autre tableau de la femme dans l'Ancien Testament : je laisse à chacun la liberté de lire l’ensemble de ces versets. Il y a deux façons de lire ce texte.

    A - Une première lecture qui fait dire qu’il s’agit là d’un tableau (toujours actuel) qui représente la femme au foyer … et que c'est là qu'elle doit rester, parce que c’est sa mission et sa place première.

     

    B - Une deuxième lecture qui fait apparaître toutes les qualités d'une femme gestionnaire de toutes les affaires de la maison et de la famille, d'une femme responsable de tout le personnel qui travaille dans ‘l’entreprise’ familiale, une femme prévoyante, attentive et à l’aise dans la société de son temps.

    JESUS ET LES FEMMES

    Jésus est quelque peu sorti du droit fil de la loi de Moïse. On note autour de Jésus une très forte présence féminine, même si son entourage reste à majorité masculine (120 disciples hommes pour 30 disciples femmes apparaissent dans les textes bibliques). 

    Luc 8.1-3 - « Ensuite, Jésus alla de ville en ville et de village en village. Il prêchait et annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze l'accompagnaient, avec quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits mauvais et de maladies: Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza l'intendant d'Hérode, Susanne et beaucoup d'autres, qui le servaient en l'assistant de leurs biens. »

    Jean 19.25-27 - « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie la femme de Clopas et Marie de Magdala. Jésus vit sa mère et, près d'elle, le disciple qu'il aimait. Il dit à sa mère: ‘Femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple: ‘Voici ta mère.’  Dès ce moment-là, le disciple la prit chez lui. »

    Au moment du sacrifice de Jésus, si on excepte la présence d'un disciple homme, on ne trouve que des disciples femmes autour de la croix. Ce sont aussi les femmes qui seront chargées du premier ‘ministère’ qui est celui d'annoncer la résurrection de Jésus aux autres disciples.

    Marc 10.2-12 - La question du divorce et de la répudiation

    De façon générale et en raison de l’interprétation de la loi de Moïse (Deutéronome 24.1), il était entendu que seul le mari avait le droit de répudier sa femme et non le contraire, ce qui faisait des femmes, des personnes sans aucun droit et sans défense vis-à-vis de la loi. Ce que Jésus a voulu exprimer, c'est que la loi de Moïse n'est qu'un pis aller, l'ordre créateur de Dieu étant, et de loin, beaucoup plus exigeant : Jésus défend ici la femme mariée contre les caprices de l'homme.

    v11-12 - « Jésus leur dit: ‘Celui qui renvoie sa femme et qui en épouse une autre commet un adultère envers elle, et si une femme divorce de son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.’ » Jésus établit le fait qu’il est accordé à la femme les mêmes droits et les mêmes responsabilités qu’à l’homme.

    Luc 10.38-42 - Marthe et Marie

    « Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme du nom de Marthe l'accueillit dans sa maison. Elle avait une sœur appelée Marie, qui s'assit aux pieds de Jésus et écoutait ce qu'il disait.

    Marthe était affairée aux nombreuses tâches du service. Elle survint et dit: ‘Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir? Dis-lui donc de venir m’aider.’ Jésus lui répondit: ‘Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, elle ne lui sera pas enlevée.’ »

    Marthe, c'est l'idéal féminin de l'époque : ‘la femme ménagère’. En recevant le Christ chez elle, Marthe s'est aussi engagée à le nourrir, c'est normal. Marthe défend l'ordre établi en vigueur et elle voudrait se servir de Jésus pour faire pression sur sa sœur. Mais ce faisant, Marthe commet une erreur, car elle voudrait que le Christ reçoive d'elle sa générosité, son accueil. Elle n'avait pas compris que de Jésus, on a d'abord à recevoir avant de donner. Certes, Marthe sert, mais elle le fait sentir fortement dans l'espoir d'en recevoir une reconnaissance, sinon un pouvoir. Jésus en la reprenant dénonce le ‘tyranisme féminin qui s'exprime en servant’.

    Marie, ne travaille pas dans le service de la maison : elle se met en position de disciple aux pieds de Jésus. Marie, c'est ‘la femme disciple’. A cette époque, les hommes avaient la quasi-exclusivité du discipula. Marie sort donc de l'ordre établi. En l'approuvant, Jésus ne se conforme pas à la loi de Moïse (ou à ce qu’on voudrait qu’elle dise) et à ce qui était convenant pour l'époque.

    Marc 5.25-34 - La femme atteinte d'une perte de sang

    Cette femme, à cause de sa maladie, n'avait plus de vie sociale : elle était en situation d'impureté d'après la loi de Moïse, texte qu’on peut lire en Lévitique 15 - elle ne pouvait donc avoir aucune vie religieuse, elle était interdite d'entrée à la synagogue - elle n’avait  quasiment pas de vie sociale (toute personne qui la touchait devenait impure) - elle est épuisée, ruinée - elle est désespérée - elle souffre d'un mal honteux qui l'empêche d’avoir une vie de femme, d’épouse, de mère.

    Sa guérison est présentée de façon quasi magique, suite à une audace clandestine de la femme (on est là très proche d’une superstition). Mais Jésus ne fait aucun reproche à la femme, au contraire, c'est lui qui ouvre la rencontre : il la cherche, l'écoute, lui parle. Cette femme blessée, impure, Jésus l'accueille (v34 « ma fille »), d'après la loi de Moïse, Jésus aurait dû être souillé par son contact et donc déclaré impur, or à aucun moment il ne dit qu'il a été souillé par son contact. La révolution de la Nouvelle Alliance est en marche.

    Luc 7.36-50 - La pécheresse pardonnée

    Il s'agit d'une femme à la vie trouble. Si dans le texte précédent, l'impureté de la femme venait d'une maladie, dans ce récit, l'impureté vient de son style de vie (v37 et 39). Il ne s'agit pas d'une prostituée, mais plutôt d'une femme aux mœurs légères.

    Contexte du repas : on est à table, allongé les pieds en arrière ou sur le côté, on est également pieds nus. La femme pleure, mouille les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux dénoués. Elle n'a donc pas de voile, ce qui (à l’époque) est le signe d'une femme de mœurs légères. Elle baise les pieds de Jésus, ce qui est inconvenant, car c'est un geste intime. Elle parfume ses pieds : le prix du parfum laisse deviner le prix du vase, ce qui laisse entendre qu'elle a les moyens de mener ‘joyeuse vie’.

    Ce qui choque le pharisien, ce ne sont pas les gestes de la femme (parce que tout le monde sait qu’elle est une femme ‘pècheresse’), mais que Jésus la laisse faire. Cette femme s'exprime avec des gestes qui sont habituels pour elle. Dans ce cas précis, ceux-ci n'ont rien d'érotique, au contraire, elle n'ose même pas verser le parfum sur la tête de Jésus.

    Simon, lui, interprète les gestes de la femme comme étant érotiques, d'où sa condamnation de Jésus. 

    Jésus, lui, parle d'amour : c'est une femme qui (se) donne, mais elle ne cherche pas à séduire Jésus. Ce qu'elle fait est un acte de reconnaissance qui signifie que cette femme avait déjà dû rencontrer Jésus.

    v44 - « Jésus dit à Simon: ‘Tu vois cette femme? Je suis entré dans ta maison et tu ne m'as pas donné d'eau pour me laver les pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux.’ » 

    Ce que Jésus dit à Simon, c’est que cette femme est son maître : « regarde là, prends exemple sur elle, elle a fait ce que tu aurais dû faire et que tu n'as pas su faire. »

    photo C.Rocav47 - « C'est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l'on pardonne peu aime peu. » Par ses gestes, cette femme montre que le pardon qu'elle a reçu était important, essentiel pour elle.

    Jésus veut rétablir l'ordre créationnel : le plan défini par Dieu au commencement était un homme et une femme en vis-à-vis, un couple uni selon la volonté de Dieu et non selon l'ordre rabbinique qui en interprétant la loi de Moïse a désuni ou déséquilibré le couple. En incluant le jugement de Dieu (Genèse 3.16 « l’homme dominera sur toi ») dans la loi de Moïse, en oubliant ainsi la volonté de Dieu du commencement, les israélites ont fait de cette condamnation une loi perpétuelle. 

    Mais par son attitude et sa main tendue vers les femmes, qui sont en souffrance à cause de leur vie (leurs choix), mais aussi à cause de la société et de la loi de Moïse telle qu’elle était lue et comprise, Jésus bouleverse non seulement les convenances en vigueur à l’époque, mais aussi les concepts établis.

    Galates 3.26-28 - « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; en effet, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous vous êtes revêtus de Christ. Il n'y a plus ni Juif ni non-Juif, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ. Si vous appartenez à Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham et vous êtes héritiers conformément à la promesse. »

     

    En Christ, la ségrégation, le clivage sexuel, la domination de l’un sur l’autre n'existent plus. Jésus le montre également en portant secours aux femmes aussi bien qu'aux hommes.

    PAUL ET LES FEMMES ... UN DOUBLE LANGAGE

    1 Corinthiens 7

    Les versets 1 à 24 : traitent des relations conjugales. Les versets 25 à 40 concernent les personnes non mariées.

    * Il faut relever dans ce texte, le double langage de Paul. 

    A - Le langage de la stricte égalité entre l'homme et la femme d'un côté et le langage de la domination de l'homme sur la femme de l'autre.

    B - D'un côté, il y a ce qui est bon pour l'homme : le mariage et de l'autre il y a ce qui est préférable : le célibat.

    La foi ne fait pas de nous des personnes asexuées. Même si Paul affirme que sa situation de ‘non-mariage’ est préférable pour des raisons missionnaires, il dit aussi que Dieu ne donne pas les mêmes dons à tous. v7 - « Je voudrais que tous soient comme moi; mais chacun tient de Dieu un don particulier, l'un d'une manière, l'autre d'une autre. »

    v10 à 16 - A propos de la dissolution d'un couple, ce qu’on peut dire, c’est que le respect du mariage n'est pas une loi tyrannique. Paul ne dit pas que le mariage doit être sauvé à tout prix. Ici il parle de séparation possible. Pour se faire, il prend en compte la diversité des situations et des cas particuliers.

    v17 à 28 - L'idée de base de ces versets est que, si la situation humaine et sociale est le lieu où l'appel de Dieu a retenti, elle est aussi le lieu où cet appel doit s'accomplir. L'appel de Dieu ne doit donc pas déclencher un changement de statut social (v20-24). Ceci concerne aussi bien le mariage que le célibat.

    Dans ces versets apparaît le double langage de Paul. Il y a ce qui est bon, le mariage et ce qui est préférable, le célibat, car il permet une consécration sans partage. C'est le seul motif de Paul, celui qui correspond à sa situation et son ministère.

    v29 à 40 - Où il est encore question de ce qui est bon et de ce qui est préférable. Le mariage comporte un cortège de préoccupations, qui peuvent affaiblir l'attachement d'une personne au Seigneur. Mais Paul a aussi parlé, au début de ce chapitre, des préoccupations qui peuvent toucher le célibataire. L'expression clef de ce passage est : ‘sans tiraillement’ ou ‘sans partage’ (v35).

    A noter que si le remariage d'un veuf était chose courante, pour l'époque, autoriser celui d'une veuve était quasiment une innovation : même dans la société grecque qui était celle des Corinthiens.

    Dans ce texte de Paul, nous rencontrons donc l'image de ‘la femme épouse’ - la veuve - la mariée - la vierge (future mariée). C'est donc aussi la rencontre avec la femme dans sa différence par rapport à l'homme et dans sa complémentarité avec lui. Mais il faut souligner qu’ici il n'est nullement question d’infériorité de la femme dans ses rapports à l’homme.

    Nous sommes également ici face à ‘la femme croyante’. Il est d'ailleurs à noter que Paul ne parle nullement de ‘la femme non croyante’, les références à l'appel de Dieu et à la fin des temps n'ont en effet de sens que pour des chrétiens. Ce que Paul dit ici ne concerne donc que les chrétiens. Ce qui domine dans ce texte, c'est le langage de la parité parfaite entre l'homme et la femme.

    Remarque - v6, v12, v25-26, v40 - Paul établi une différence entre son avis personnel et ce qui relève du commandement de Dieu v10. Une large partie de ce passage est l’avis de Paul … un avis qui mérite d’être écouté : n’est-il pas apôtre de Jésus-Christ ? Mais en établissant cette nuance, Paul autorise le débat et donc l’expression d’un avis, sans qu’il soit question que ce dernier soit contraire à la volonté de Dieu.

    Remarque - Le double langage de Paul est l'expression d'un véritable télescopage de deux mondes. Celui d'une société traditionnelle et celui inauguré par la résurrection du Christ et le message de l’Evangile (la Nouvelle Alliance).

    Galates 3.27-28 : « il est écrit: Réjouis-toi, stérile, toi qui n'as pas eu d'enfant! Eclate de joie et pousse des cris de triomphe, toi qui n'as pas connu les douleurs de l'accouchement! En effet, les enfants de la femme délaissée seront plus nombreux que ceux de la femme mariée. Nous, frères et sœurs, comme Isaac nous sommes les enfants de la promesse. »

    C'est le langage de la nouveauté chrétienne. C'est la totale égalité entre l'homme et la femme. Ce langage est fondé sur l'appartenance à Jésus-Christ. C'est le langage de la rédemption et de la recréation … de la grâce.

    1 Timothée 2.8-15 : C'est un langage tout à fait opposé, violent même dans son expression. Ce langage se fonde sur l'appartenance au monde ancien, celui de la création et de la chute, alors que le langage de Galates 3.28 est fondé non plus sur l'ordre de la création, mais sur l'œuvre de Jésus.

    Il semble donc y avoir une opposition entre ces deux textes. Là est le télescopage aujourd'hui encore : car « Christ n'est pas venu abolir la loi » (Matthieu 5.17). Dans Galates 3, il y a donc le langage du ‘déjà’ et dans 1 Timothée 2 celui du ‘pas encore’. Ce qui signifie que si nous chrétiens sommes les enfants de la promesse, citoyens de ce monde nouveau, nous vivons toujours dans ce monde ancien, celui de la chute, d'où les tensions et les déchirements.

    Un langage simple et UNIQUE ne peut donc pas être tenu. Nous sommes en présence de deux foyers : le foyer de la grâce et le foyer de la loi.

    v12 -  « Je ne lui (la femme) permets pas d'enseigner et de dominer sur l'homme, mais je lui demande de garder une attitude paisible. » Généralement il n'a été retenu de ce verset, que cette parole : « je ne permets pas à la femme d’enseigner », avec pour conséquence que la femme est condamnée au silence dans l'église, ou à des ministères considérés comme mineurs par les hommes - ménage - enfants - café - cuisine ... ce qui ne signifie nullement que ces ministères soient réellement mineurs.

    Par contre, il y a la deuxième partie du verset qui fait corps avec la première et qui est oubliée la plupart du temps : « Je ne lui permets pas d'enseigner et de dominer sur l’homme » Autre traduction : « en prenant de l’autorité sur l’homme. »

    Ce texte doit être mis en parallèle avec 1 Corinthiens 11.3, où Paul décrit ce qui est dans l'ordre et le dessin voulu par Dieu au départ, à savoir : Dieu est le chef de Christ - Christ et le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme. Le mot qu’on  a traduit ici par CHEF est en grec le mot KEPHALE c’est-à-dire TÊTE.

     [ Voir ce qui est dit à propos de ce verset, ci-après dans le chapitre suivant à propos de 1 Corinthiens 11.2-16 ]photo C.Roca

    Paul n'interdit pas à la femme d'enseigner, mais il lui interdit de le faire en sortant de sa condition de femme et en prenant la place de l'homme. Il faut reconnaître qu'il est difficile de définir où se trouve la frontière entre la prise d'autorité sur l'homme, et l'enseignement qui est une chose naturelle et nécessaire. D'autant plus que Paul ne dit pas grand-chose de plus, les versets suivants n'apportent qu'un éclairage partiel. Le critère essentiel, semble-t-il, c'est que lorsque la femme prend autorité sur l'homme, c'est alors elle qui devient la ‘tête de l’homme' (voir 1 Corinthiens 11.3), la question est alors celle-ci : dans cette action que devient alors l'homme ?

    A ce moment-là, l’ordre chronologique du commencement, qui tend à établir une primauté, est bouleversé, mais c'est aussi l'ordre socioculturel qui est renversé. Ce n'est pas une bonne chose, ce n'est pas normal dit Paul. Si d'après Galates 3, devant Dieu et en Christ, il n'y a plus ‘ni homme ni femme’, sur terre, nous restons ‘homme et femme’, avec nos différences, et il faut que cette diversité persiste pour qu'on puisse toujours faire la différence entre l'homme et la femme. Il y a un équilibre qu'il faut préserver et cultiver dans la relation entre l'homme et la femme, l'épanouissement de chacun est à cette condition.

    v14-15 - « Adam n'a pas été trompé, alors que la femme, trompée, s'est rendue coupable d'une transgression. Cependant, elle sera sauvée à travers sa descendance si elle persévère avec simplicité dans la foi, l'amour et la progression dans la sainteté. » Un texte assez difficile qui fait appel à la chronologie des événements concernant la chute d'Adam et Eve (Genèse 3.1-7).

    - a - C'est Eve qui la première a mangé du fruit de l'arbre et en a ensuite donné à Adam : ce faisant, c'est elle qui la première a désobéi à Dieu.

    - b - C'est donc à cause de la femme, qui la première a désobéi, que la mort est entrée dans le monde. Cette affirmation ne diminue en rien la responsabilité d'Adam qui lui avait reçu de Dieu directement le commandement (et non Eve). Adam aurait dû empêcher Eve de manger le fruit défendu et il n’aurait pas dû à son tour a cédé à la tentation. En fait celui qui sait est celui qui est responsable … Adam aurait dû empêcher Eve de manger le fruit de cet arbre. Mais ce qu’on constate, c’est que tous les deux partagent la responsabilité de la faute : tous les deux ont fait preuve d’incrédulité face à la parole de Dieu.

    - c - mais c'est aussi grâce à la femme que la vie se perpétue. Si par elle la mort est venue, c'est aussi par elle que la vie continue … et c'est par elle que Jésus est venu.

    Ce qui est affirmé encore dans ce verset, c'est que la femme ne doit pas sortir de sa condition de femme, elle ne doit pas chercher à être ‘homme’. L'homme est sauvé en tant qu'homme, dans sa condition d'homme et de père ; la femme, elle, est sauvée dans sa condition de femme et de mère.

     

    Remarque - On retrouve cette forme de pensée de Paul dans sa lettre aux Romains 5.12-19, mais cette fois-ci uniquement appliquée à Adam dont la faute a entraîné la mort. Adam mit en parallèle avec Jésus dont l'obéissance a entraîné la vie.

    PAUL ET LES MINISTERES FEMININS

    Questions : Peut-on accepter l'accession des femmes à des ministères de direction ou de présidence des assemblées chrétiennes (culte, étude biblique, formation, diacre, etc. …) ? 

    Peut-on accepter qu'une femme parle, prie, prêche dans l'église ?

    Le ministère pastoral ou celui d’ancien sont-ils acceptables pour une femme ?

    Ceux qui répondent NON et ceux qui répondent OUI le font au nom de Paul.

    Romains 16.1 - « Je vous recommande notre sœur Phœbé, qui est diaconesse de l'Eglise de Cenchrées. » Phoebe est une femme, elle est DIACRE. Le mot grec est au masculin ce n’est qu’un détail, mais qu’il faut noter tout de même, on ne trouve pas le mot ‘diaconesse’ dans le Nouveau Testament, il n’y a que des diacres hommes et femmes.

    Romains 16.3 - « Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs en Jésus-Christ. » Prisca est COLLABORATEUR, au même titre que son mari, elle ne se contente donc pas d'être l'épouse d’Aquilas.

    1 Corinthiens 14.33-35 - « Comme dans toutes les Eglises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler, mais elles doivent se soumettre, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leur mari à la maison, car il est inconvenant pour une femme de parler dans l’Eglise. » Il est interdit à la femme de parler dans l’église.

    1 Corinthiens 11.4-5 - « Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte déshonore son chef. Toute femme, en revanche, qui prie ou qui prophétise la tête non couverte déshonore son chef à elle. En effet, c'est exactement comme si elle était rasée. » La femme peut parler dans l’église. A noter ici que dans ces deux versets le mot traduit par ‘chef’ est encore le mot ‘képalé’, c’est à dire ‘tête’. L’homme et la femme ont un même ‘chef’, ou une même ‘tête’.

    Que faut-il donc penser ? Quelles conclusions en tirer ?

    1 Corinthiens 11.2-16

    Ce texte autorise la femme à prendre la parole dans l'église POUR PRIER ou POUR PROPHETISER.

    Prophétiser : c’est annoncer la Parole de Dieu, prêcher … dans l’Ancien Testament, le prophète était celui qui disait : « Ainsi parle l’Eternel », il parlait donc de la part de Dieu. Y a-t-il quelque chose de plus important ?

    v3 - « Christ est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ. » 

    Il s'agit ici, de l'ordre de la création tel que défini par Dieu au commencement. - Dieu est le chef (la tête) de Christ - Christ est le chef (la tête) de l'homme - l'homme est le chef (la tête) de la femme. Ce verset parle donc de la relation ‘Homme – Femme’ et de leur face à face avec Dieu dans sa création : de ce que la femme est par rapport à l'homme et l'homme par rapport à la femme. Dans cette référence à l'homme, c'est vrai, la femme lui est soumise, mais de la même façon que Christ est soumis à Dieu le Père.

    La soumission du Christ au Père

    Matthieu 26.39 - « Mon Père, si cela est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »

    Jean 4.34 - « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. »

    Jean 5.17-20 - « Mon Père est à l'œuvre jusqu'à présent; moi aussi, je suis à l'œuvre.» Voilà pourquoi les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir: parce que non seulement il violait le sabbat, mais il appelait aussi Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. Jésus reprit donc la parole et leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, sinon ce qu'il voit le Père accomplir. Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. En effet, le Père aime le Fils et lui montre tout ce que lui-même fait, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’étonnement. » 

    Face au Père, il n'y a aucune position d'infériorité du Fils par rapport à Dieu, car si Jésus est pleinement homme, il est aussi pleinement Dieu. Mais parce qu'il aime parfaitement son Père, Jésus accomplit la volonté du Père : tout ce que le Père fait, le Fils le fait. Jésus est l'égal de Dieu le Père (Il est Dieu), mais il est aussi différent du Père, car Il est le Fils. 

    La soumission de la femme

    De même la femme est l'égale de l'homme, mais elle est différente de l'homme. La soumission de la femme à l'homme ne fait pas d'elle un être inférieur. Le moteur de la relation Dieu le Fils et Dieu le Père est l'amour, dans la reconnaissance de la place et de la spécificité de chacun. C'est aussi ainsi qu'il faut voir les paroles de ce v3 de 1 Corinthiens 11. C’est donc aussi ainsi que doit être établie la relation entre l’homme et la femme dans l’Eglise de Jésus-Christ.

    Que ce serait-il passé, si Jésus avait voulu prendre la place du Père, délaissant ainsi la sienne ? 

    N’oublions donc jamais que l'engagement et la soumission de Christ au Père, sont un engagement et une soumission volontaire et non pas le fruit d'une infériorité quelconque. C'est le modèle à suivre, la réalité à vivre.

    Ephésiens 1.22-23 - « Femmes, soumettez-vous à votre mari comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'Eglise qui est son corps et dont il est le Sauveur. » Encore toujours ce mot grec ‘képhalé’ qu’on traduit par ‘chef’ et qui désigne la ‘tête’. Si, par les traductions habituelles, ce qu’on met en avant dans ce texte est encore et toujours la notion d’autorité (de chef), ce qui pourtant domine dans ce passage, c’est l’exigence du don de soi, de l’amour et de la communion, à l’exemple de Jésus-Christ.

    1 Corinthiens 11.4-5 - « Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte déshonore son chef. Toute femme, en revanche, qui prie ou qui prophétise la tête non couverte déshonore son chef à elle. En effet, c'est exactement comme si elle était rasée. » Ceci concerne le culte. Il faut remarquer ici que les positions de l'homme et de la femme sont égales. 

    L'homme et la femme prient et prophétisent.

    Rappel au sujet de ‘prophétiser’ : c’est parler de la part de Dieu, dire la Parole de Dieu, de la même façon que les prophètes de l'Ancien Testament. Le prophète, c'est celui qui prêche, qui donne le message de la part de Dieu.

    La femme, comme l'homme, est donc invitée à prier et à prophétiser : chacun devant le faire en respectant sa différence sexuelle, c'est là le sens du développement de Paul. Si Paul insiste sur le comportement de la femme (mais il ne faut pas oublier les recommandations faites aux hommes), c'est que ce qu'il dit est une nouveauté totale, en effet, les hommes étaient habitués à prendre la parole en public et donc dans l'église, mais pas les femmes. C'est d'une véritable révolution culturelle et cultuelle dont Paul parle ici.

    1 Corinthiens 14.34 - « que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler, mais elles doivent se soumettre, comme le dit aussi la loi. » La loi de Moïse ne dit strictement rien à ce sujet, elle n’interdit nullement à la femme de parler dans un rassemblement du peuple et/ou dans un temps de culte. 

    De quelle loi parle-t-il donc Paul ici ? S’adressant à l’église de Corinthe qui est en Grèce et qui dépend des lois de ce pays, Paul utilise donc ici ce support. En Grèce (berceau de la démocratie), dans les Assemblées citoyennes, seuls les citoyens Grecs (hommes) avaient le droit de prendre la parole de voter. Les femmes (tout comme les non Grecs) ne pouvaient donc pas y prendre la parole ou encore voter. Ce n’est qu’en 451 que la loi grecque évoluera donnant aux femmes ce droit de prendre la parole en public.

    LA QUESTION DU VOILE

    1 Corinthiens 11.4-5 - « Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte déshonore son chef. Toute femme, en revanche, qui prie ou qui prophétise la tête non couverte déshonore son chef à elle. En effet, c'est exactement comme si elle était rasée. »

    Quoiqu’en disent certains militants d’une lecture stricte (et donc à la lettre) de ce texte, il ne faut pas traiter cette question en dehors du contexte social et culturel de l’époque. L’ensemble de la Bible a été écrit sur une période d’environ 1500 ans et donc dans des époques et des contextes culturels différents (parce que suivant les évolutions de leurs époques) qui ne peuvent être ignorés. Depuis les choses ont encore changé, mais les principes demeurent et c’est sur ces principes que nos convictions doivent être établies.

    Aux temps bibliques (et encore dans certaines sociétés aujourd'hui), il faut savoir que les femmes devaient être voilées (invisibles).

    A Corinthe (société gréco-romaine), et plus encore en Palestine, à l'époque de Paul, les femmes devaient être voilées, cachées. Ce sont les prostituées (les femmes de mauvaise vie) seules qui se montraient tête nue en public. De plus dans ce qui est apparait dans ce v5, c’est que pour certaines femmes, avoir le ‘crâne rasé’, c'était déjà à l'époque le désir d'être comme un homme, d'apparaître comme un homme … et ça, ce n’était déjà pas admissible (et ça ne l’est pas plus aujourd’hui).

    LES FEMMES DANS LA BIBLE ... QUELS MINISTERE POUR LES FEMMES ?Il semblerait donc que dans l'église de Corinthe (église peu disciplinée), certaines femmes aient pris la parole la tête non voilée, ce qui pouvait les faire assimiler à des femmes de mauvaise vie. Ce faisant, elles sont allées à l'encontre de ce qui était bienséant dans la culture de leur époque, dans la société dans laquelle elles vivaient … et donc dans l’église.

    v4-5 - Le principe émis par Paul, et qui est toujours valable à ce jour, c'est que pour prier et prophétiser l’homme et la femme dans le culte, doivent avoir une tenue respectable qui honore le Seigneur.

    1 Corinthiens 11.10 - « Voilà pourquoi, à cause des anges, la femme doit porter sur la tête une marque d’autorité. »

    Les hommes ont fait de ce verset un instrument pour affirmer leur autorité sur les femmes, le voile étant la marque de l’autorité (du pouvoir ?) de l’homme sur la femme. Or, même si on peut faire cette lecture de ce verset, nous pouvons aussi le lire autrement.

    Traduction littérale - « C'est pourquoi la femme doit avoir puissance sur la tête à cause des anges. » (ange = envoyé de Dieu).

    La traduction de la Bible SEMEUR traduit ainsi : « Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête un signe  de son autorité, à cause des anges … » et elle ajoute en note : « sous entendu, de l’autorité qu’elle a en Christ et qui lui permet de prier ou de prophétiser. La femme prouve par sa tenue qu’elle est autorisée à agir comme elle le fait en pleine liberté. Cette traduction semble préférable à la compréhension traditionnelle : ‘un signe de l’autorité dont elle dépend’. » (Bible d’étude ‘Semeur 2000’). Ainsi, selon les uns cette autorité serait celle de la femme, selon les autres il s’agirait de l’autorité de son mari.

    Le voile pour la femme est (pour l'époque) le signe de sa féminité, mais aussi ce qui lui assure le respect, la dignité, l'autorité et même sa liberté. C’est en tous les cas mon choix de lecture. Dans la pensée de Paul, le voile n'est pas du tout un signe de soumission et d'effacement de la femme, au contraire, il valorise la femme dans la société telle qu'elle est à l'époque de l'apôtre. En enlevant leur voile pour prendre la parole en public les chrétiennes de Corinthe ont fait plus que transgresser les règles de la bienséance, elles perdaient les signes de leur autorité, de leur respectabilité et de leur liberté … « alors pourquoi écouter ce qu'elles disent ? » C’est ce que plusieurs pouvaient penser beaucoup de chrétiens (hommes ou femmes).

    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que Paul ne veut nullement rabaisser la femme et la maintenir dans un état d’infériorité par rapport à l'homme. Au contraire, par rapport à la pratique de son époque, le langage de Paul est vraiment une révolution, mais Paul dit que ce n'est pas parce que l'Evangile est une véritable révolution qu'il faut tomber dans l'anarchie. 

    En parlant comme il le fait, Paul montre à la femme que devant Dieu, et à cause de l'œuvre de Jésus-Christ, elle est l'égale de l'homme, et que ce n'est qu'en restant femme qu'elle le restera.

    1 Corinthiens 11.13-16 - « Jugez-en vous-mêmes: est-il convenable pour une femme de prier Dieu sans avoir la tête couverte? La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter des cheveux longs, alors que c'est une gloire pour la femme d'en porter parce que la chevelure lui a été donnée pour servir de voile? Si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas une telle habitude, et les Eglises de Dieu non plus. » Ces versets ne font que souligner ce qui est dit précédemment. Les cheveux longs de la femme sont une gloire pour elle, un honneur, un signe de sa féminité comme les cheveux courts sont pour l’homme une gloire pour lui, un honneur, un signe de masculinité. 

    Les cheveux courts de l'homme, ce n'est pas une pratique universelle. Par exemple : Absalon (fils de David), les Naziréens et certains peuples avaient les cheveux longs. Par contre, l'usage des cheveux longs de la femme était beaucoup plus universel : c'était une chose naturelle, normale et donc convenable.

    Remarque - N’oublions pas que ces exigences socioculturelles n'ont jamais cessé d'évoluer et de changer au cours des siècles, et ce depuis la création du monde. Ainsi, dans l'Ancien Testament, avoir le crâne rasé pour un homme pouvait être un déshonneur, ou le signe d'un deuil. De plus, d'une région du globe à l'autre tout pouvait être différent. Aujourd'hui encore, les signes extérieurs de masculinité ou de féminité peuvent être très différents d'une société à l'autre, d'une réalité culturelle à l'autre.

    La femme ne doit donc pas changer ce qui est naturel pour elle : sa féminité : même dans le culte, elle reste femme. Dans le Seigneur, s'il y a DISTINCTION entre l'homme et la femme, mais il n'y a pas SEPARATION

    1 Corinthiens 11.11-12 - « Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'existe pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme, car, de même que la femme a été tirée de l'homme, de même l'homme naît de la femme, et tout vient de Dieu. » Ce langage est celui de la parité dans la spécificité de chacun.

    Le problème ce n'était donc pas que la femme prie ou prophétise, ça, c'était naturel. Mais ce qui n'était pas naturel, c'est que certaines femmes aient jugé bon de le faire en adoptant des attitudes provocantes : ça a jeté le trouble dans l'église : ce n'était pas convenable, c'était ça le problème. Devant Dieu, il n'y a plus ni homme ni femme, c'est aussi la description d'une réalité céleste. Mais sur la terre, qui est le lieu sur lequel nous vivons notre foi, nous sommes ‘homme et femme’ et donc différents … ça doit se voir, dans la dignité et le respect, par le moyen de l'amour, de la soumission mutuelle et de la soumission à la Parole de Dieu.

    LA SOUMISSION DE LA FEMME EN QUESTION

    1 Corinthiens 14.33-35 - « Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes les Eglises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler, mais elles doivent se soumettre, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leur mari à la maison, car il est inconvenant pour une femme de parler dans l’Eglise. »

    Trop longtemps on a retenu de texte que cette parole : « que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler. » Or il ne faut surtout pas oublier ce que Paul a dit plus tôt et que nous venons de parcourir (1 Corinthiens 11). Une fois de plus le contexte socioculturel a son importance. 

    Ce chapitre 14 traite des dons : surtout celui de la prophétie et du parler en langue … Puis brusquement, Paul se met à parler des femmes. Deux possibilités de lecture sont proposées à notre réflexion.

    A - Paul interdit à la femme de parler dans l'église et donc qu'elle enseigne. Dans ce cas-là il serait en contradiction avec ce qu'il a écrit à cette même église au chapitre 11.

    B - Paul demande aux femmes de cesser d'interrompre le culte en importunant leur mari par des bavardages et des questions intempestives. Il est alors ici question de l'instruction de la femme. En ce temps-là, les femmes n'étaient que peu ou pas instruites. Le fait de pouvoir participer librement à des rencontres habituellement réservées et animées par des hommes était pour elles et pour les hommes une révolution. Les femmes ne comprenaient pas tout ce qui se passait pendant le culte, ni même tout ce qui était dit, d'où leurs discussions et leurs questions. Ce que Paul dit, c'est que : si les femmes veulent comprendre et s'instruire, qu'elles le fassent chez elles avec leur mari. Parce qu’il ne faut pas troubler le déroulement de ‘l’assemblée’ et donc l’écoute de l’ensemble de l’auditoire.

    Ephésiens 5.22-25 - « Femmes, soumettez-vous à votre mari comme au Seigneur, car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'Eglise qui est son corps et dont il est le Sauveur. Mais tout comme l'Eglise se soumet à Christ, que les femmes aussi se soumettent en tout à leur mari. Maris, aimez votre femme comme Christ a aimé l'Eglise. Il s'est donné lui-même pour elle … »

    Comme pour le passage précédent, on ne retient que trop souvent cette parole  : « Femmes, soumettez-vous à votre mari … » Ceux qui lisent ainsi oublient les recommandations faites au mari et l’exemple donné par Jésus-Christ.

    A propos de la ‘soumission’ demandée à la femme, dans le verset précédent il est dit ceci : v21 « soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu. » Il n’y a là aucune distinction entre l’homme et la femme, c’est tous qui doivent être soumis (ou subordonnés) les uns aux autres.

    L’exemple de Jésus - Jésus était entièrement soumis à la volonté de son Père, c’était même sa nourriture (Jean 4.34). Même à l’heure de sa mort, il s’en remet à la volonté de son Père et non à la sienne (Luc 22.42).

     

    Jésus est-il pour autant inférieur à Dieu le Père ?

    La soumission du Fils au Père n’implique nullement l’infériorité de Jésus : il est pleinement homme, mais aussi pleinement Dieu. Jean 5.19 et 30 - « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, sinon ce qu'il voit le Père accomplir. Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement … Je ne peux rien faire de moi-même: je juge d'après ce que j'entends, et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais celle du Père qui m'a envoyé. » La soumission du Fils au Père n’a pas entrainé une perte d’autorité pour l’enseignement ou une perte de puissance pour agir. Jamais le Père n’a bridé le Fils dans l’expression de son enseignement et dans ses actes. Pourquoi les choses devraient-elles être différentes pour ce qui est de la position ‘homme - femme’ dans l’Eglise de Jésus-Christ ?

    MA CONCLUSIONCathédrale Montréal (Québec) - photo C.Roca

    Selon Paul, il n'y a pas de différence fondamentale entre l'homme et la femme quant à leurs rapports à Dieu (Galates 3.28), il n'y a donc pas d'obstacles majeurs quant aux ministères et leur ouverture aux femmes.

    Paul enseigne deux choses essentielles

    1 - L'homme doit rester homme et la femme doit rester femme, l'un et l'autre occupent une place dans la société et dans l'église. L'un et l'autre contribuent par leur vie, leur travail, leur prière et leur partage des enseignements de la Bible au développement de la vie de l'église.

    2 - Il faut que soient respectées les réalités sociales, culturelles, humaines de notre temps. Rien ne sert de tout bouleverser par un changement brutal, sous prétexte que l'Evangile est un message libérateur et égalitaire … mais il faut aller de l’avant.

     

    A partir de ces deux enseignements, il faut sans aucun doute faire preuve d'un savant dosage entre : innovation (audace) et réalisme (prudence). Le tout étant de maintenir un équilibre dans une relation qui dans l'église, entre les hommes et les femmes, doit être faite d'amour, de respect, de soumission mutuelle, de solidarité, d'écoute commune de la Parole de Dieu, d’obéissance, d’une louange et d'une adoration commune … et d’un service commun dans le respect des dons et compétences de chacun : on appelle ça LA COMMUNION.

    Genèse 1.27 - « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu. Il créa l'homme et la femme. » Dans ce premier récit de la création, on constate que l’homme et la femme sont tous les deux créés à l’image de Dieu.

    Genèse 2.18 - « L'Eternel Dieu dit: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis. » Ce deuxième récit de la création établit une chronologie, mais le plan de Dieu au départ, était que l’homme et la femme soient un vis à vis pour l’autre, et la femme une aide pour l'homme (Genèse 2.18). Il n’y avait là ni une question de supériorité ou d'infériorité, pas plus que d’une place prédominante à maintenir (à défendre ?), pas même un pouce de concurrence. 

    C'est sans doute dans cette voie qu'il faut aussi chercher la compréhension de tous les textes bibliques concernant la place de la femme et donc celle de l’homme dans l’église de Jésus-Christ.

    J’admets par ailleurs volontiers qu’un débat puisse avoir lieu, mais il doit toujours rester ouvert et surtout soumis aux enseignements de la Bible.

    Pasteur Didier Roca

    Janvier 2020

    ANNEXE : LE MINISTERE FEMININ DANS L'EGLISE

    « Tout ce que vous faites, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes … »  -  Colossiens 3.23 

    Ne vous inquiétez pas, Mesdames, vous aurez toujours une place à la cuisine, derrière le balai, ou auprès de nos chers enfants ! Ces ministères féminins, reconnus depuis plusieurs générations, vous sont acquis pour longtemps. Peu d'hommes viendront vous les contester.

    Déjà au temps de Jésus, Marthe s'activait aux tâches matérielles. Et que dire de la femme vertueuse et parfaite de Proverbes 31 ...? Ces activités si banales, est-ce vraiment un ministère ? Essayez donc de servir le café, dimanche après dimanche, avec le sourire, un mot gentil pour chacun et une patience à toute épreuve devant une nuée de gamins !

    Voyons ce qu'en dit le dictionnaire : MINISTERE : charge, fonction que l'on exerce.

    Oui, servir le café, véhiculer des personnes âgées ou handicapées, ou garder des tout petits, c'est un ministère ... quand on a le don pour le faire. 

    Je ne pourrais jamais exercer une fonction pour laquelle je n'ai aucune aptitude, aucun don. Par la force des choses, je peux être cuisinière, ménagère, économe, infirmière, institutrice ou éducatrice pour enfants ... Tout ce qu'une maman est appelée à faire. C'est un ministère typiquement féminin, que j'exerce volontiers (presque toujours) au sein de ma famille.

    Mais Dieu ne m-a-t-il pas donné un don spécial pour le mettre au service de notre grande famille qu'est l'Eglise ? 

    Ai-je cherché à connaître ce que Dieu désire me voir exercer comme fonction dans notre communauté ? 

    Comment savoir si j'ai un don pour réconforter les malades, pour enseigner les enfants, pour chanter, jouer de la musique ou diriger la chorale, pour écouter et consoler, pour exhorter ou témoigner, pour prendre la parole en public, si je n'essaie pas de le faire au moins une fois ?

    Bien sûr, il faut du courage pour se lancer, mais quelle joie ensuite quand on découvre ce qu'on peut apporter aux autres, quand on sait que l'on accomplit la volonté de Dieu ! 

    N'ayez crainte, on ne vous demandera pas d'être une femme parfaite (voir Proverbes 31), ni une ‘femme des années 80’ (voir Michel SARDOU), mais simplement une femme selon le cœur de Dieu.

    Catherine ROCA

     

     

     

    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique